Comment encadrer un paysage hypothétique
Catherine Bolduc
Galerie Thomas Henry Ross
5445 avenue de Gaspé, suite 423, Montréal, Québec, H2T 1A1
VERNISSAGE : Samedi le 26 avril, 16 h
OPENING : Saturday April 26th, 4 pm
Catherine Bolduc, Comment encadrer un paysage invisible (de la série La matière sombre), 2013, aquarelle, crayon aquarelle et acrylique sur papier, 70 X 55 pouces (photo Guy L’Heureux )
Comment encadrer un paysage hypothétique
« Un matin de septembre, alors que je lisais un article dans le journal au sujet de récentes découvertes en astrophysique, j’ai fait l’expérience d’une étrange sensation de vide sous mes pieds. Comme si le sol s’était soudainement évaporé. L’article portait sur l’hypothétique « matière sombre », matière impalpable et invisible à l’œil nu qui composerait néanmoins 80% de l’univers. Apparemment, le monde n’était pas exactement ce que j’en avais toujours perçu. Ni même ce que j’en avais imaginé. L’espace autour de moi était dorénavant envahi d’une matière mystérieuse qui échappait à mon regard. J’ai poursuivi ma lecture et, peu à peu, le vide sous mes pieds s’est tranquillement rempli. Puis, cette sombre matière s’est mise à proliférer de manière exponentielle. Il m’a semblé que bientôt je n’arriverais plus à discerner le paysage environnant. J’avais perdu mes repères. Suite à cette expérience déstabilisante, j’ai réalisé les œuvres présentées dans l’exposition Comment encadrer un paysage hypothétique. L’exposition comprend une installation murale et des dessins grand formatcomposés de lignes sinueuses et de motifs ornementaux qui rappellent des chevelures ondulées, des encadrements baroques et des miroirs ovales. Mais ces « encadrements » et ces « miroirs », plutôt que de cadrer un paysage reconnaissable ou de refléter une image de soi, invite le regard à se perdre dans un foisonnement labyrinthique. Comment encadrer un paysage hypothétique envisage la réalité comme une construction complexe, peut-être inquiétante, peut-être fabuleuse, dont les contours demeurent le plus souvent insaisissables ».
Catherine Bolduc
Dans sa pratique artistique, Catherine Bolduc s’intéresse à la manière dont la psyché perçoit et construit la réalité en y projetant ses propres désirs, en la transgressant par la fabrication de merveilleux et de fiction. Son travail se nourrit principalement d’expériences subjectives liées à des souvenirs personnels où la fabulation et l’idéalisation opèrent une transfiguration mentale du réel ou lorsque, inversement, le désir subit l’épreuve de la réalité, que l’illusion fait face à la désillusion et à la déception. Ses œuvres invitent à faire l’expérience d’espaces fantasmagoriques qui réfèrent par exemple à une vie idéale fantasmée, à la recherche d’exotisme, à l’utopie amoureuse, à l’errance onirique, mais où la magie montre aussi son autre revers. Son intention esthétique est double; elle oscille entre l’évocation de la vulnérabilité humaine devant l’inadéquation de la réalité avec les désirs et la réconciliation par une célébration du pouvoir poétique du banal.
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Comment encadrer un paysage hypothétique
« One morning in September, while I was reading an article in the newspaper about recent discoveries in astrophysics, I experienced a strange sensation of emptiness under my feet. As if the ground had suddenly evaporated. The article concerned the hypothetical « dark matter », a impalpable and invisible matter which would compose 80 % of the universe nonetheless. Apparently, the world was not exactly what I had always perceived. Nor even what I had imagined. The space around me was invaded from now on by a mysterious matter which somehow escaped my glance. I pursued my reading and, bit by bit, the space under my feet quietly filled. Then, this dark matter began proliferating in a exponential way. It seemed to me that soon I would not any more manage to discern the surrounding landscape. I had lost my marks. After this destabilizing experience, I realized the works presented in the exhibition Comment encadrer un paysage hypothétique.The exhibition includes a wall installation and large scale drawings consisting of sinuous lines and decorative motives which resemble wavy hair, baroque frames and oval mirrors. But these « frames » and these « mirrors », rather than framing a recognizable landscape or reflecting one’s self-image, invite the look to get lost in a labyrinthine profusion. Comment encadrer un paysage hypothétique envisions the reality as a complex, maybe disturbing, maybe fabulous construction, by which outlines are left most of the time imperceptible ».
Catherine Bolduc
In the practice of her art, Catherine Bolduc is interested in the way the psyche perceives and constructs reality by feeding it with its own desires, by transgressing it with its fabrication of fantasy and fiction. The core of her work rests on subjective experiences dealing with personal memories in which fabulation and idealization produce a mental transfiguration of reality or conversely revisited desire is subjected to the ordeal of reality, illusion faces disillusion and deception head-on. Her work is an invitation to experience phantasmagorical spaces alluding to, for instance, an ideal fantasized life, exotic quests, utopian dreams of love, oneiric wanderings, but where magic also reveals its dark side. Her aesthetic intention is twofold: it oscillates between the evocation of the human vulnerability in front of the discrepancy of the reality with the desires and the reconciliation by a celebration of the poetic power of the banal.